Source : https://www.lamarseillaise.fr/societe/le-trio-revendait-de-lheroine-trafiquee-BALM013442

Clameur hier en correctionnelle à l’issue du délibéré condamnant un trio de dealers d’héroïne à des peines de 2 à 5 ans ferme. Ne supportant pas que les policiers se saisissent manu militari d’Anthony Fernandez qui refusait de regagner les geôles, ses proches ont investi à grands cris la salle d’audience, obligeant la garde du palais à intervenir.    Le trio avait été interpellé le 25 novembre 2009 sur un renseignement anonyme. Anthony Fernandez et Mehdi Hamra tenaient « en roulement » un point de vente sur le parking ED du bd Oddo aux Arnavaux. Depuis trois mois, ils se refilaient un portable réservé aux clients. Nacer Boudjellel était leur « nourrice ». C’est chez lui que les enquêteurs saisissaient 4gr de coke, 90gr d’héroïne et 19 pochons d’héro dans la veste.    La came était piteuse : de l’héroïne sous forme de chlorhydrate fortement dosé à 55,7% pour 10% de base, le tout mélangé à du Valium et du sucre, ce qui en faisait un cocktail particulièrement vénéneux. Sans emploi, sans revenu et père depuis deux mois, Mehdi, 23 ans, ne mégote : « Je reconnais tout ce qui est écrit dans les papiers. » Le business était juteux à en juger par les liasses trouvées dans son armoire : 17 300 euros dont beaucoup de coupures de 500 euros. « Oui, ça provient bien de l’héroïne que je vends », assume le prévenu qui évalue à 40 000 euros sa revente personnelle. « On a vendu ensemble avec Anthony mais c’était pas une association. On faisait un roulement de dix jours et on se passait le téléphone du business. » Le juge Ardid exhume une déclaration oubliée : « Je crois savoir qu’Anthony avait 13 000 euros que les policiers n’ont pas trouvé. » « J’aurais acheté un snack et vendu des frites »    Cela fait bondir l’intéressé. « Quoi ! J’aurais eu 13 000 euros de bénéfice. C’est une somme incroyable ! J’aurais acheté un snack et vendu des frites !  » En garde en vue, le petit jeune de 21 ans à la longue tignasse de pianiste romantique, qui ne sait ni lire ni écrire, avouait vendre 23 pochons par jour et donnait même la recette : « On achète 100gr d’héro, on met 50gr de sucre et on revend le pochon de 0,4g à 40 euros. » Mais aujourd’hui, tout est à la baisse : s’il dealait, c’était pour le compte d’un mystérieux « employeur » et parce que ça lui « permettait de sniffer ».    Nacer Boudjellel, sans papiers de 31 ans, admet avoir dealé mais « les trois derniers jours » et juste pour s’acquitter d’une dette envers Hamra son voisin.     « Chacun s’est réparti les rôles et ils ont gagné très vite beaucoup d’argent », constatait le procureur Fabrice Karcenty dans ce « dossier repoussant et détestable d’une drogue dure, deux fois plus chère que la coke surtout coupée et qui fait des ravages avec ces fantômes héroïnomanes. »     « Il a été loyal et cohérent », plaidait Me Bruce Blanc pour Mehdi « dépassé par ce petit commerce. » « Le seul agressé aux Baumettes, c’est Fernandez balafré à la lame de rasoir ! », pestait Me Fabrice Trolliet pour Anthony condamné au final à 5 ans ferme contre 4 ans pour Mehdi et 2 ans pour Nacer. « On ne rentre pas par hasard dans le trafic de la drogue la plus dure. », confiait un autre avocat. 

DAVID COQUILLE