Dans le box, des accusés qui, peu ou prou, reconnaissent tout. Bref, un procès en forme de promenade de santé pour ce marathonien des assises. « Mais vous avez tiré sur la corde, vous êtes allé chercher le malheur, fustige l’avocat. Vous croyez qu’à l’infini on peut noircir des gens comme ça ? » Les lourdes réquisitions de la veille ont du mal à passer dans les rangs serrés de la défense.
Aux deux ans de prison réclamés à l’encontre des trois membres du commando qui avaient finalement renoncé, les avocats ont répondu en plaidant l’acquittement. « On vous demande de condamner un type qui a pensé à commettre une infraction mais, finalement, s’est désisté. Il a réussi à faire la distinction entre le bien et le mal et on le punit ? Mais qu’est-ce qu’il va comprendre Gérard Hebert ? », s’inquiète Me Fabrice Trolliet.
Pour les autres, les peines réclamées iront jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle. « Avec de telles réquisitions, on les enterre vivants ! », tempête Me Dupond-Moretti, en rappelant que Ferrara avait écopé de 12 ans de prison pour « l’évasion la plus violente de ces dix dernières années ». 64 impacts sur un mirador !
Un coup, quel qu’il soit, fera l’affaire. Ce sera « l’arrachage » de Payet. Et aujourd’hui, le retour à la case prison. « Au coeur d’une décision de justice, il faut une dimension d’humanité, insiste Me Ospital. La répression doit trouver sa limite dans la souffrance des gens. »
« Il n’y a certes pas eu de violences inutiles, avait concédé, la veille, l’avocat général. Mais de là à parler d’un braquage sans violence » … « La violence judiciaire est une autre forme de violence », lui a vertement rétorqué hier Me Dupond-Moretti.
Et de poursuivre, cinglant : « Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais cette histoire est une histoire d’amitié. Vous, vous trouvez que c’est crapuleux. Moi, je trouve que ça a de l’allure. Pour une fois, le malheur n’était pas au rendez-vous. » Le verdict est attendu aujourd’hui, après les plaidoiries en faveur de Farid Ouassou et de Pascal Payet.