Source : https://www.varmatin.com/justice/banditisme-marseillais-juge-dans-le-var-trente-ans-de-reclusion-requis-contre-les-deux-accuses-616131

À Draguignan, l’avocat général a requis la même peine qu’en première instance à l’encontre de Brice Desrayaux et Ibrahim Rabih. La défense a plaidé l’acquittement

Pierre Cortès est un homme qui tient à sa ligne. Judiciaire. L’avocat général, qui avait requis en première instance trente années de réclusion criminelle il y a quelques mois à Aix-en-Provence contre Ibrahim Rabih et Brice Desrayaux – il avait été suivi par les jurés – a remis ça ce jeudi devant la cour d’assises d’appel du Var.

« Le béton de la vérité »

« Les lignes n’ont pas bougé, a-t-il souligné en conclusion de ses réquisitions. Il faut payer le poids de sa faute, et la faute est lourde. « 

Il est reproché aux deux accusés d’avoir assassiné Karim Regaoui en pleine rue à Marseille, le 17 juillet 2014.

Mis en cause notamment via un scooter balisé par la brigade de répression du banditisme, acheminé chez Brice Desrayaux par Ibrahim Rabih quelques heures avant les faits, les deux hommes ont toujours démenti avoir tué.

Malgré les témoignages et les preuves matérielles. « Tout ramène à eux, abonde Me Fabrice Trolliet, aux intérêts de la partie civile. Il n’y a rien pour sortir les pieds de ce béton de la vérité. « 

Pour contrer ces certitudes judiciaires, les deux hommes ont, au fil de la procédure, impliqué Nabil Boughanemi, troisième homme de ce triumvirat criminel et aujourd’hui réfugié en Tunisie, et Zakary Remadnia, assassiné au lendemain de la mort de Karim Regaoui.

« Les morts et les absents ont bon dos, tempête Me Bouguessa, représentant lui aussi la famille Regaoui. Mais MM. Remadnia et Boughanemi n’ont pas de tatouage, alors qu’un témoin visuel en mentionne un sur le bras du tireur. « 

Un dossier construit « sur du sable »

Ce témoin, d’ailleurs, évoquera aussi les vêtements de l’assassin. « Quand elle décrit cette tenue, Brice Desrayaux n’a pas encore été arrêté, précise l’avocat général. Et ça correspond, point par point. »

Cerise sur le gâteau pour l’accusation, des résidus de tir à la composition chimique identique à ceux retrouvés sur la victime seront découverts sur le pantalon et le polo de Brice Desrayaux…

« Tout ce dossier est construit sur du sable, estime pour sa part Me Chehid Selmi. Nous n’avons que des constructions de l’esprit. Le témoin a vu un tatouage, mais il ne correspond pas à celui de mon client », que ce soit le motif ou le positionnement sur le bras.

Même angle de défense concernant les résidus de tir. « Les experts ont émis des hypothèses. Celle d’un transfert d’une surface à une autre lors de la tentative de fuite de Brice Desrayaux au moment de son interpellation en est une envisageable. « 

Intervenant également aux intérêts de Brice Desrayaux, Me Bruno Rebstock a lui gratté « le vernis de l’enquête « . « Pétris de certitudes » comme le répète depuis lundi Me Gérard Baudoux, avocat d’Ibrahim Rabih, les policiers n’ont ainsi pas pris la peine d’interroger les voisins de Brice Desrayaux ou de mettre en doute les descriptions des témoins visuels.

« Nous n’avons que des conjectures, des hypothèses, s’alarme Me Baudoux. On place Ibrahim Rabih sur le scooter au mépris des témoignages et des preuves matérielles!  » Tous ont appelé à l’acquittement au bénéfice du doute.

Ce vendredi matin, les accusés auront une dernière fois la parole. Le verdict sera rendu dans la journée.