Source : https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6786238/cest-bonnie-and-clyde-sauce-cotorep.html
Ce 28 décembre, la féerie de Noël se dissipe brutalement à 16h40, lorsqu’un coup de feu claque sur le Vieux-Port. Oscillant entre panique et incrédulité, des témoins aperçoivent un homme muni d’une arme de poing qui prend la fuite par le métro, accompagné d’une jeune femme. Personne n’est blessé, mais la chasse à l’homme se poursuit en direction du Prado où les suspects ont été repérés sortant de la station Périer. Quelques instants plus tard, ils sont interpellés dans un bus, mais sans arme. Jusqu’à ce qu’un témoin indique avoir vu la femme jeter un objet à proximité. L’arme est retrouvée – c’est en fait un pistolet d’alarme – et le couple, placé en garde à vue.
Voilà Idriss et Sephora, 18 et 19 ans ; lui, serveur, elle « tata » dans une maternelle. Tous deux sont aussi amoureux que sensibles aux mauvais regards. « Il y a eu une embrouille sur le port avec deux garçons, elle hurlait comme une hystérique. Ensuite son compagnon a pris un des deux gars par l’épaule, l’a attiré dans un coin et sorti une arme pour tirer en l’air« , résumera un témoin aux policiers.
Dans l’espoir de brouiller les pistes, Idriss a demandé à Sephora de retirer ses lunettes, avant de glisser l’arme dans son sac, pour la laisser s’en défaire avec tout autant de succès.
Cinq mois de contrôle judiciaire plus tard, voilà le couple à la barre du tribunal correctionnel, pris entre les feux croisés de Patrick Ardid, magistrat désormais honoraire mais toujours redouté, et de leur propre avocat, le bouillonnant Fabrice Trolliet.
« Vous étiez sous quoi, au moment des faits ?« , demande le juge en feignant d’ignorer qu’Idriss était déjà sous bracelet électronique pour vol avec arme. « Il était sous l’emprise de son cerveau« , soupire Me Trolliet, après avoir une nouvelle fois coupé la parole à son client pour l’empêcher d’aggraver encore son cas. Le tribunal manque de s’étouffer. « C’est Bonnie & Clyde à la sauce Cotorep…. Mais c’est un honneur de défendre tout le monde« , reprend l’avocat, qui plaide néanmoins « l’accumulation de mauvais réflexes » ; et l’immaturité de sa bien aimée.
« C’est pas un mauvais bougre, son père l’a abandonné, sa mère est dans la salle, mais elle n’en peut plus« , reprend Me Trolliet. Sephora écope de 5 mois avec sursis, Idriss, lui, purgera encore un an sous bracelet.